En ces temps difficiles pour le dialogue social un des grands handicaps de la France est mis en lumière : la difficulté à réformer. On l'a vu déjà dans de nombreux domaines. Celui des retraites n'a pas été, et reste, l'un des plus sensibles.
Le gouvernement sait très bien qu'il aurait du commencer par des réformes touchant aux institutions. Et cela avant de toucher à quoi que ce soit.Mais là non plus, il faut en avoir conscience, les remises en cause sont difficiles à obtenir.
Pourtant un rayon de soleil, au début de juillet a pointé, encore un peu plus que sur l'ensemble du territoire. Et surprise, il est venu du Sénat, là où on ne l'attendait pas forcément. Il faut dire qu'il s'est, malheureusement, rapidement voilé.
Le projet de loi organique proposé par les sénateurs aux députés était ambitieux. Pour sans doute rajeunir les troupes il était proposé de porter l'âge d'éligibilité de 35 à 30 ans et de ramener le mandat de 9 à 6 ans. Bel effort, vous l'avouerez. Et de porter, par contre, cohérence (?) grâce à une autre proposition de loi, le nombre de ces mêmes sénateurs de 321 à 346. Cela au moment où l'on pensait avoir compris qu'il fallait aller, par solidarité (je n'ai pas dit par solide hilarité !)dans le sens d'un allègement des finances publiques. Certains des 577 députés se sont même offusqués de la chose. En connaisseurs, eux qui savent que l'hémicycle contenait en 1981 : 491 élus et regrettent souvent publiquement n'avoir aucun rôle à jouer à l'Assemblée Nationale. Ce que semble d'ailleurs confirmer leur grand absentéisme dans ce haut lieu de l'expression de la démocratie. Logiques jusqu'àu bout !
Une chose, cependant n'a pas été remarquée. Et cela est fort regrettable. Conscients de l'importance du difficile dossier des retraites, nos sénateurs ont voulu démontrer, en payant de leur personne, leur courage et leur grand sens du sacrifice.
Sachant que les nouvelles dispositions législatives prises dans ce domaine amèneront bon nombre de salariés à être encore au labeur après leur 70 ans bien sonnés, les sénateurs ont décidé de ne pas proposer de fixer une limite d'âge à leur propre mandat. Cette demande serait apparue, en effet, disgracieuse.
Les Français et Françaises n'ont pas pris, semble-t-il, la dimension de leur abnégation et de la valeur de l'exemple donné par le personnel de cette docte assemblée. Les chiffres ci-après devraient les ramener à plus de mesure dans leur quête à se mettre définitivement en grandes vacances.
En effet, actuellement, il y a 76 sénateurs de plus de 70 ans soit 24,39 % dont 43 ont plus de 75 ans soit près de 14 %. Et leur renouvellement n'est pas pour demain. La doyenne d'âge, une femme parmi les 38 qui siègent, vient tout juste de fêter ses 86 printemps !
Sa volonté de rester à son poste est sûrement due au fait que ses pairs ne semblent pas habités par un grand souci du respect de la parité.