Bientôt les régionales, et le gouvernement en place comme ses prédécesseurs, se sent forcément inspiré pour réformer le mode de scrutin.
Il faut tout d'abord bien comprendre les enjeux : suite à la décentralisation, la région devient un point stratégique de l'exécutif pour nos gros dossiers locaux dans les domaines : de la formation professionnelle, de l'aide aux entreprises, d'aménagement du territoire, de développement du tourisme et de la politique de l'environnement, tel qu'indiqué par le schéma directeur pour la Bourgogne, présenté en octobre 2002.
Le but à long terme, est sensé mettre en place un étage de démocratie plus efficace.
Voilà pour la théorie, mais qu'en est-il dans la pratique, ou plus exactement comment seront désignés ceux qui piloteront cet étage ?
A voir les modalités du scrutin qui s'annonce, il y a de quoi s'inquiéter !
Bien sûr, la première partie de la réforme va dans le bon sens : l'organisation de 2 tours semble permettre une diversification du choix des électeurs sur des projets et des candidats plus représentatifs de la variété des opinions.
Par contre la barrière des 10 % des votants, pour accéder au second tour, vient casser cette ouverture nouvelle offerte par le 1er tour.
Cela risque de représenter dans certains cas, près de 20 % des inscrits, en cas d'abstention massive !
Comment vont donc réagir les électeurs dont les idées ne seront pas représentées au second tour, si ce n'est en s'abstenant encore plus.
Nul doute alors que cette logique aboutira à une Assemblée Régionale élue avec une majorité absolue de plus en plus faible et dont la légitimité serait d'autant moins établie.
L'argument de vouloir réunir une majorité qui permette de mettre en ouvre son programme, en ayant les coudées franches et sans alliance contre nature, est essentiel, mais pas à n'importe quel prix.
De même que l'UMP paiera très cher, à terme, sa volonté de phagocyter toute la diversité de la constellation de droite, il est dangereux pour la démocratie de ramener systématiquement son paysage à un bipartisme, ignorant la richesse de nos courants d'opinions.
Il est à souhaiter que l'on sache tirer les leçons du passé avant qu'il ne soit trop tard.
Quand l'Histoire bégaie, ce n'est jamais pour annoncer le Bonheur !
P.H
Mise à jour du 04/04/2003
Le Conseil Constitutionnel, dans sa grande sagesse, vient de recaler cette réforme non conforme à l'esprit de la Constitution, et c'est tant mieux !
Il est cependant inquiétant, pour la démocratie, que les majorités - quoi qu'elles soient - ne puissent s'empêcher de tripatouiller les modes électoraux, pour garder le pouvoir, alors qu'il conviendrait mieux de le consolider par la bonne gestion des chantiers dont elles ont la charge.
