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La REFORME des RETRAITES
La réforme des retraites
(Une réflexion d'Alain Lipietz, écologiste...)

... Tout monde considère qu'il faut bien évidemment une réforme des retraites, et les écologistes sont les premiers le penser.
Il y a une certaine unanimité pour le moment sur trois points :
* Maintien de l'ouverture du droit la retraite 60 ans et de la retraite sans décote 65 ans,
* Financement par ponction sur les revenus de la propriété,
* Prise en compte de la pénibilité de certaines activités.

Un tas de problèmes restent en suspens, dont l'un bougrement important :
doit-on revenir sur les réformes antérieures de la droite, qui ont allongé la durée de cotisation ?

Jeudi, débat retraites dans le cadre du forum social de Vichy.
Les lycéens ne sont guère présents. En réalité, seuls le PCF (par la bouche d'un militant local), le Parti de Gauche (Claude Debons : ancien leader CFDT de la grève de 1995) et moi intervenons en introduction.
La partie introductive démarre "normalement".
J'explique comme d'habitude pourquoi le problème n'est pas démographique mais un problème de répartition, que les jeunes ont raison de se mobiliser car ils seront frappés dans les années qui viennent, du fait de l'augmentation massive du chômage que provoquerait cette réforme combinée aux récents allongements de la durée de cotisation.
Ce dernier point est particulièrement important car la droite tire à boulets rouges sur "ces jeunes à l'esprit vieux qui pensent déjà à leurs retraites", alors qu'en réalité les lycéens ont parfaitement raison de s'inquiéter de l'effet immédiat de cette réforme sur le marché du travail.
Le collectif "La retraite, une affaire de jeunes" chiffre le choc à 1 million de chômeurs : en réalité moi j'en compte plutôt 800 000.
J'insiste aussi que l'avancement de l'âge de la retraite obtenue grâce à la victoire de François Mitterrand en 1981 (et mise en oeuvre partir de 83) a brutalement allongé l'espérance de vie humaine. Les hommes sont passés d'une espérance de survie 60 ans qui était de 13 ans en 1828 à 17 ans en 1982, soit 4 ans en 150 ans. Depuis, ils ont gagné à nouveau 4 ans car cette période de travail, entre 60 et 65 ans, qu'il n'y avait plus effectuer était la plus dangereuse pour les ouvriers !
Toutefois, je précise qu'aujourd'hui on est stressé tout au long de la vie et c'est" tout au long de la vie" qu'il faut désintensifier le travail et gagner du temps libre, si on veut passer une retraite longue et heureuse.
Cette remarque semble être approuvée dans le public, mais va déclencher une sérieuse bagarre.
En effet, quand s'ouvre le débat, on m'apostrophe : " Mais pourquoi n'avez-vous pas parlé du retour 37,5 ans de cotisations ? "
Je répète que sur les 4 à 5 points du PNB que nous pouvons raisonnablement récupérer sur les revenus de la propriété, il faut en prévoir 3 % (d'ici le milieu du siècle) pour financer les retraites dans la réglementation actuelle, et que pour ce qui est de la réduction du temps de travail nous pensons vraiment que c'est à l'échelle de l'année qu'il faut avancer.
Je précise à nouveau qu'il est tout à fait compréhensible que les travailleurs souhaitent "bloquer leur RTT en fin de carrière" car c'est quand on est parti de l'entreprise que le patronat vous lâche vraiment les baskets.

Tollé dans une partie de la salle. "Mais comment peut-on être de gauche et ne pas être pour le retour à 37,5 ans, ça paraît évident !"

Courageusement Claude Debons prend la parole et précise : "Nous, au Parti de Gauche, nous avons fait les comptes : si on revenait à 35 ans de cotisations on reprend 7 % aux revenus de la propriété, et il ne reste plus rien, ni pour la réduction du temps de travail tout au long de la vie, ni pour le financement des dépenses publiques, comme la santé".
Le camarade du Parti communiste plonge le nez dans le texte de son parti qu'il lit à haute voix : "Non, il n'y a pas le retour à 37,5 ans".
Je sais par ailleurs que depuis des années la CGT (comme évidemment la CFDT) nous a annoncé, à nous Verts, qu'elle ne demanderait pas le retour à 37,5 ans.

Je sais très bien que cette position est contestable. C'est un arbitrage politique qui fait donc consensus du PC aux Verts. Pour moi (ce n'est pas une position des Verts, ni d'Europe Ecologie) on en revient aux 40 ans, et pour la suite de la réduction du temps de travail, on étale tout au long de la vie. Cette opinion est largement partagée gauche chez les spécialistes de santé au travail, mais visiblement ni les organisations syndicales ni les politiques n'en ont parlé leurs militants.

Or, cela pose toute une série de problèmes soulevés lors du débat de Vichy.
Un vieux militant communiste passé au NPA relance : "J'ai travaillé dés l'âge de 14 ans, et tu me demandes maintenant de cotiser 40 ans !".
Je lui fait observer que s'il a commencé à 14 ans c'est très bien qu'il parte à la retraite à 54 ans. Une autre militante ayant suivie la même trajectoire politique me lance : "Tu vas dire à la métallurgie de travailler 40 ans ?".
Je réponds que justement si l'on choisit "40 ans de cotisation comme norme" c'est pour pouvoir réduire cette durée pour les professions "usantes".
Ce qui n'empêche pas de se battre pour que ces professions cessent d'être "usantes", et cela passe davantage par une réduction du temps de travail tout au long de la vie que par un départ en retraite plus précoce.

Une autre question dans la salle : "Mais maintenant les jeunes ne vont plus travailler avant 23 ans ! 40 ans ça les amène à 63 ans !".
Je réponds : "Effectivement j'ai commencé à travailler à 23 ans avec Bac + 6, mais j'ai eu la chance de pouvoir cotiser dés l'âge de 19 ans, au bout de 2 ans d'études après le bac. Le vrai problème, c'est la galère en début de carrière, et pour celles et ceux qui font des études longues, c'est : dans quelle mesure les études sont prises en compte dans le temps de cotisation".

Mais il faut reconnaître que la pression "prendre sa RTT en fin de carrière" est proportionnelle aux obstacles mis par la loi Aubry 2, la flexibilité et l'annualisation, une RTT hebdomadaire "heureuse".
Les ouvriers ont une expérience mitigée des 35 heures. Sans une régulation permettant de faire des 35 heures "du temps pour soi, du temps pour vivre", on préfèrera quitter le travail le plus tôt possible, quitte s'user plus vite en attendant la retraite.

J'en ai de nouveaux témoignages au Séminaire des Etats généraux de l'emploi et l'écologie.
Ceux-ci commencent vendredi soir la mairie de Paris 2ème. De retour de Vichy, je n'ai pas le temps d'y participer.
On m'a dit que c'était d'un très haut niveau, et je suis extrêmement fier que quelqu'un comme Joël Decaillon, n° 2 de la Confédération européenne des syndicats, ait fait le voyage pour discuter avec nous. Il est vrai que Joël, venu de la CGT cheminots, est très proche des écologistes.

Le débat samedi matin commence par un petit accrochage avec Benoit Roger-Vasselin, représentant du MEDEF, et l'ancien banquier, de gauche, Paul Jorion. Tous deux critiquent notre eurodéputé Pascal Canfin, qui vient de déclarer qu'il faut s'attendre dans les années à venir à une réduction des gains de productivité du travail (voire un recul), dû à l'obligation de privilégier la productivité de l'énergie (ou du CO2 dégagé) sur la productivité du travail : "Le robot, dit-il, consomme de l'énergie !" Du coup Jorion et Roger-Vasselin le traitent de luddiste (ces ouvriers du 19ème siècle qui cassaient leurs machines).
Je réponds que, par exemple, le programme de réduction de 30 % du gaz effet de serre supprimera l'échelle européenne 4,5 millions d'emplois dans la production de voitures individuelles mais en gagnera 8 millions dans les transports en commun. Trams, bus, trains (des machines beaucoup plus perfectionnées que les voitures individuelles !) demandent du travail pour les produire et les conduire, même quand il s'agit de tramways automatiques.
Bien entendu, il y aura toujours dans le futur des gains de productivité du travail mais ils ne seront plus "financés par un pillage de la nature" et donc dans certains cas (typiquement l'agriculture biologique) il y aura un recul de la productivité apparente du travail. D'autre part, un tas d'activités gratuites seront à l'avenir considérées comme des activités reconnues et rémunérées, comme conduire les salariés au travail, s'occuper des personnes âgées. Voir à ce sujet mon débat avec Jean Gadrey sur le blog d'Alternatives économiques.
La réduction du temps de travail ne sera donc pas financée par les gains de productivité futurs mais par une redistribution des gains de productivité qui ont été monopolisés par le profit au cours des 30 dernières années.

Oui, mais sous quelle forme ce repartage des richesses et du temps de travail ? Et on revient sur le débat retraite et/ou temps libre sur toute la vie.
Jean Frédéric Dreyfus, représentant de la CGC, a ce mot très significatif : "Voyez autour de vous, les pots de départ ont disparu. La plupart des salariés maintenant prennent leur chèque et s'en vont au galop, tellement la vie dans l'entreprise est devenue stressante". Tout le monde sourit dans la salle, il a parfaitement posé le problème.

On passe en groupes de travail et l le débat reprend. Je fais observer qu'un problème de la révolution verte, c'est qu'elle va décaler vers les très petites entreprises de l'artisanat des emplois qui étaient plutôt dans les grandes entreprises. Ce sera le cas dans le bâtiment où les économies d'énergie qui remplaceront les centrales nucléaires seront le fait de nuées d'artisans.
Or, la protection du temps de travail hebdomadaire dans l'artisanat est sans doute plus difficile réaliser que dans les grandes entreprises bien syndicalisées comme EDF. La question du droit au temps libre dans les TPE reste posée."

Alain Lipietz

Je prends Alain Lipietz, pour un des plus sensés représentants du mouvement écologiste politique. Je partage beaucoup de ses analyses et de ses propositions.
Cependant, le transfert souhaitable du transport privé vers le transport public (je fais abstraction des zones non ou mal desservies) se heurte à un obstacle majeur : le manque de fiabilité de ce mode de transport pour des raisons de revendications sociales.
Tant que le problème n'aura pas été résolu de façon durable, il me paraît difficile de le mettre en avant ou de l'imposer à la population.
Paul de Haut.



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