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AMITIE FRANCO ALLEMANDE
Amitié franco-allemande

Qui irait se plaindre de voir les frères ennemis d'antan se réconcilier, puis entretenir les meilleures relations du monde, jusqu'à devenir l'épine dorsale de l'Europe ?

Ce n'est donc pas moi qui fustigerai le rapprochement franco-allemand et tout ce qui peut aider sa relation à devenir plus européenne et plus profonde.

C'est à ce titre qu'une grande campagne a fait une promotion forcenée de l'enseignement de la langue de Goethe, durant les cinquante dernières années, notamment chez nous en Bourgogne.

Cependant, les temps ont changé : nous aimons les allemands et les allemands nous aiment, autant que chacun peut le faire, au même rang que nos autres voisins européens, et sans avoir l'arrière-pensée saugrenue de vouloir envahir l'autre...

A l'occasion du 40éme anniversaire du traité de l'Elysée, on voit monter au créneau les germanophiles de tous poils, et autres enseignants de l'allemand, regrettant de façon ostensible que les jeunes français boudent l'apprentissage de cette langue au profit de l'anglais ou de l'espagnol !

Une fois encore on veut faire du zèle et mettre le dogmatisme au dessus du pragmatisme.

Nous savons pourtant ce qu'une telle attitude a déjà donné dans nombre de domaines.

Il est d'ailleurs curieux, à cet égard, de constater que seulement 3 % des jeunes allemands apprennent le français (c'est à dire très largement moins que la réciproque).

Contre toute attente sans doute, les jeunes français et les jeunes allemands font le même choix, dans une belle communauté d'esprit, celui de la raison : quitte à apprendre une autre langue que la sienne, autant choisir celle qui leur permettra de se faire comprendre du plus grand nombre et d'accéder à des emplois dont le champ d'exercice aujourd'hui, dépasse largement les limites de l'Europe.

Alors bien sûr, quelques corporatistes, nostalgiques, ou esprits chagrins continueront sans doute à freiner des quatre fers pour remonter contre le courant du progrès et de la réalité ; prétextant tour à tour : les qualités logiques développées par l'allemand comme par le latin, la richesse de sa littérature, ses 90 millions de locuteurs...

A l'heure où l'on déplore chez nos jeunes, soit la difficulté à maîtriser leur propre langue, soit l'inadéquation de leur formation avec les réalités du monde professionnel, il est triste de mener encore de tels combats d'arrière-garde.

Délectons-nous des vers de Goethe ou Schiller, réfléchissons avec Marx, Kant, Jung ou Freud et dégustons l'éternelle force intérieure de Beethoven, tout en restant accueillant avec leurs descendants, et je crois que nous resterons amis, avec nos voisins d'Outre-Rhin.

Gardons-nous cependant, au nom d'une amitié préférentielle de ne pas traiter sur le même pied d'égalité nos autres voisins...

P.H



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