Dans la vie, il y à ceux qui plantent les arbres, ceux qui les taillent pour les aider à se développer harmonieusement, les arrosant et les traitant quand il est nécessaire, attendant patiemment qu'ils portent des fruits pour les récolter.
Il y a aussi ceux, qui se contentent de semer des radis de 21 jours, et bien évidemment, ne mangent que cela ; et c'est leur droit.
Ils outrepassent ce droit, quand ils se plaignent de ne pas croquer les fruits des arbres plantés par leur voisin.
Il y a même mieux : ceux qui, trouvant la terre trop basse et trop sale, ne plantent rien, revendiquant le droit de manger à la fois les fruits et les radis des autres. Et si possible livrés à domicile « avec un peu de pain, de vin, de beurre et de viande, si c'était possible, M'sieurs dames.
Mais ce n'est pas le propos, et nous mènerait trop loin.
Le « bon peuple » se réclamant souvent de la « gauche », se sent ainsi moralement fondé à critiquer les actionnaires plaçant leurs économies en Bourse, alors qu'il dépose son épargne sur des livrets de caisses d'épargnes et autres bons du Trésor.
Premier à laisser des sommes rondelettes dans les jeux de hasards, organisés pour lui par un Etat aux moeurs douteuses, il espère toujours gagner le gros lot pour mener une vie de nabab ; et cela ne semble pourtant pas lui poser de problème éthique.
A y regarder de plus près, la morale d'une part, et le progrès social d'autre part, ne sont pas forcément là où l'on s'attend à les trouver :
- Les entreprises, ont besoin de fonds pour se développer et donc créer des richesses et de l'emploi. Les deux seuls moyens d'en réunir sont l'emprunt et l'actionnariat.
- Les banques, sont ravies de prêter à l'entreprise, l'argent de leurs clients, puisqu'elles ne prennent aucun risque, si ce n'est celui d'en profiter sous forme d'intérêts substantiels, si l'entreprise se développe, et de s'offrir la peau de cette dernière et des garants, si elle n'arrive pas à honorer ses dettes !
L'actionnaire a un mode de fonctionnement tout à fait différent :
- J'investis dans une entreprise parce que je crois en elle, et que je veux participer à son développement.
- Je prends le risque de gagner de l'argent si elle en gagne et de voir mon placement anéanti si elle périclite ! (Les récentes déconfitures de Moulinex ou Kalisto, de Vivendi et France Télécom, sont là pour en attester.)
- Je participe ainsi à la création de richesses et d'emplois qui pourront être redistribuées : à mon frère, mon fils, mon voisin ou les vôtres.
Cela correspond au risque de la vie, à une façon solidaire et responsable d'être optimiste.
L'épargnant qui plaçe ses économies sur un livret à taux garanti ou dans des obligations, se met en position de rentier à la petite semaine, ne prenant aucun risque ; pessimiste et égoïste, il ne vaut guère mieux que nos ancêtres qui amoncelaient et cachaient des Louis d'or sous la pierre d'âtre de leur foyer.
Je ne mets bien entendu pas dans le même portefeuille, le petit actionnaire, tel que ci-dessus décrit, et l'investisseur institutionnel ou le spéculateur qui sont avant tout des prédateurs, et devraient être traités comme tels, au moins fiscalement !