MON-AVIS, BLOG OPINIONS MAJORITE SILENCIEUSE

ABSTENTION et DEMOCRATIE Abstention & démocratie
Lorsque j'étais enfant - c'était dans un autre siècle, voire un autre monde - mon Père m'emmenait avec lui au bureau de vote, lors des consultations électorales.

A cette époque, les hommes portaient béret, casquette ou chapeau. Mais tous se découvraient au moment de mettre leur bulletin dans l'urne. On marquait ainsi le respect dû au suffrage universel, socle de la démocratie, obtenu non sans lutte depuis quelques décennies seulement, dont les femmes étaient cependant encore exclues.

Aujourd'hui, le suffrage est encore plus « universel » qu'alors : les femmes votent et la majorité a été ramenée de 21 à 18 ans.

Et pourtant, lors des élections législatives de mai-juin 2002, près de 4 citoyens - ou citoyennes - sur 10 se sont abstenus d'exprimer une opinion.

On avance des motifs divers pour expliquer ce triste record.
Les deux principaux seraient le rejet de la classe politique par le peuple et le scrutin majoritaire, qui exclut de la représentation parlementaire des tranches importantes de l'électorat, notamment d'extrême gauche et d'extrême droite.

Concernant la non-représentation d'une partie de l'électorat, rappelons que l'autruche qui se cache la tête dans le sable, n'évite pas le danger qu'elle redoute. De quel droit peut-on ensuite contester les conséquences d'un débat auquel on a refusé de participer ?

Puisqu'il y a des magouilles en politique - comme ailleurs - est-ce en leur laissant le champ libre qu'on en réduira le nombre et les capacités de nuisance ?

Et aussi que laisser sa « chaise vide » est une attitude immature de totale irresponsabilité.

Concernant la non-représentation d'une partie non négligeable de l'électorat, on prône le scrutin « à la proportionnelle » qui donnerait à l'Assemblée Nationale une image beaucoup plus fidèle de la diversité des opinions.

C'est vrai ! Le système fonctionne assez bien dans les pays où trois ou quatre partis politiques présentent des candidats. Mais en France, où ils sont une bonne douzaine, c'est le blocage assuré et la pétaudière garantie !

Certains, parmi les abstentionnistes, qui nient la représentation parlementaire, ont grande envie de s'exprimer dans la rue, où il est fréquent que la « manif » se transforme en affrontement physique, délice des casseurs.

Nous voici bien loin de la démocratie, dont Winston Churchill disait « qu'elle est le pire des systèmes. A l'exception de tous les autres.»

Prenons soin de ce système imparfait, car il est difficile à acquérir et facile à perdre, au profit d'aventures et d'aventuriers dont le peuple est toujours la victime finale.

Alors que chacune et chacun, par son vote, assume le minimum de ses responsabilités civiques.

Gaston Buisson